« Grand Débat » du 8 mars 2019 Cité Allende, Lorient

Présents : 26 migrants, en majorité originaires d’Afrique Noire francophone…

Une dizaine de membres du Collectif Accueil en Pays de Lorient, à l’initiative de la rencontre, + un journaliste de Ouest France.

La salle A 03 s’est avérée trop petite et il a fallu se déménager en salle A 02.

On peut se réjouir de ce succès de fréquentation, tout en regrettant l’absence des afghans, des russophones et des albanais…

Les participants ont demandé expressément que les problèmes et solutions d’amélioration « remontent » vers les décideurs politiques, les administrations et les élus.

Relations avec les services publics de l’Asile : Préfectures, OFII, OFPRA, CNDA et premier accueil : COALLIA

  • Difficulté se présenter au premier accueil COALLIA avant 3 mois, quand on arrive et qu’on n’est pas au courant des démarches et procédures.
  • Difficulté de se rendre à COALLIA dans la banlieue de Vannes, loin de la gare et sans visibilité. Service surchargé manquant de moyens. Les migrants ressentent que ça ne marche pas bien (pannes de boîte aux lettres et d’informatique, impossibilité d’être reçu…) et pensent être victimes de malveillance.

Il faut une antenne COALLIA à Lorient et plus de moyens humains et matériels.

  • Enregistrement de la demande d’asile à la préfecture de Rennes. Difficulté de se rendre à Rennes (coût du transport). Crainte de la prise d’empreinte et d’être « dubliné » si des empreintes ont déjà été prises dans un autre pays Européen.
  • Première rencontre avec l’OFII pour bénéficier des CMA (Conditions matérielles d’accueil) : ADA (Allocation de demande d’asile), hébergement, à accepter en bloc, sinon on perd tout. Un nouveau passage à COALLIA est nécessaire pour bénéficier de la CMU (Couverture maladie universelle) du tarif préférentiel pour la carte de transport et de la domiciliation (qui ne signifie pas « domicile » !).
  • Après l’enregistrement de la demande d’asile, le demandeur a 21 jours pour envoyer, en recommandé avec accusé de réception la demande, avec récit de vie etc. Normalement COALLIA doit l’aider dans cette démarche. Pratiquement ce n’est pas le cas…
  • Si l’OFII ne propose pas d’hébergement rapidement, le demandeur reste sans nouvelles pendant des mois et des mois, sans possibilité de joindre l’OFII : impossibilité de joindre au téléphone saturé ; impossible d’y aller sans rendez-vous.
  • Sans hébergement officiel le demandeur doit se débrouiller avec le 115, souvent saturé et n’acceptant pas les enfants. Parfois, pour les familles, la préfecture assure un hébergement à l’hôtel.
  • Si le demandeur trouve une solution de dépannage (via une association, des amis, de la famille…) et que, soudain, l’OFII lui propose un hébergement, c’est n’importe où, alors qu’il a commencé à s’intégrer. S’il refuse, son ADA est supprimée.

Les demandeurs d’asile n’ont aucune visibilité sur leur devenir, aucune stabilité géographique, ce qui empêche tout début d’intégration.

Les demandeurs d’asile vivent dans la peur de l’administration et des services de l’État. Ils ont du mal à connaître leurs droits et à les faire valoir.

Problème du règlement de Dublin

  • Les demandeurs « dublinés » vivent encore plus dans la peur, la crainte de devoir pointer à la police ou à la gendarmerie et d’être tout à coup renvoyé dans le pays de première dépose d’empreinte ou déclarés « en fuite » et de ne plus recevoir l’ADA.
  • S’ils attendent que les délais de renvoi soient passés, ils peuvent de nouveau faire leur demande d’asile, mais cela fait des mois et des mois d’attente en plus.
  • S’ils demandent un réexamen ils ne bénéficient plus des CMA.

Le règlement de Dublin est inapplicable et négatif pour tout le monde.

Le droit de travailler

  • Tous les demandeurs d’asile souhaitent travailler, ne pas dépendre des aides, s’intégrer dans la société française.
  • Théoriquement, sans réponse de l’OFPRA pendant 6 mois, le demandeur d’asile peut avoir une autorisation de travailler, mais pratiquement, dans le Morbihan, la direction de la DIRECCTE s’y oppose.

L’employeur éventuel doit prouver qu’il n’a pas trouvé de français pour le poste et doit verser une taxe de 800 €…

L’attestation de demande d’asile devrait donner le droit de travailler.

Les refus de protection de l’OFPRA et de la CNDA

  • Les migrants risquent leur vie pour arriver en France. Leur vie est en danger dans leur pays. Ils ne demandent pas la protection de la France sans raison.
  • Si leur situation change (projet de mariage ou de PACS), on leur demande de retourner dans leur pays pour avoir les papiers nécessaires et un visa d’entrée… alors que leur vie est en danger là-bas.
  • Ils regrettent que les refus de la CNDA ne soient pas clairement motivés.
  • L’aide au retour n’est pas la solution pour les déboutés.

L’intégration dans la société française

  • Peu d’information est diffusée lors de la demande d’asile sur les adresses utiles pouvant faciliter les démarches et l’intégration : associations (comme La Cimade), cours de français (seuls ceux du Contrat d’Intégration Républicaine après obtention du statut de réfugié sont dus…), scolarisation, formation, sport, centres sociaux.
  • Le bénévolat est un bon gage d’intégration, surtout quand on n’a pas le droit de travailler. Mais, là aussi, l’information manque. La participation à une association sportive est aussi un bon moyen d’intégration.
  • Les migrants aspirent à exercer leur citoyenneté, notamment en prenant part aux élections, et même en payant des impôts !
  • L’instabilité des conditions d’accueil, le risque de déménagement forcé freinent tout début d’intégration.

Les collectivités locales, en lien avec les associations d’accueil, doivent faciliter ce début d’intégration en attribuant des locaux et quelques moyens aux associations, en particulier à Lorient où la demande a été clairement exprimée, d’abord à la Communauté d’agglomération, puis à la Ville de Lorient.